Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/45

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héréditaire d’une pensée qui détestait le mensonge, poussa Jean à répondre néanmoins :

— Ma cousine, vous savez que je fais mes études, je ne suis pas un séducteur.

Elle rit très haut avec un air coquin. Elle avait fort bien compris.

— Je vous trouve un peu trop surpris, Jean, pour ne pas croire que je vous apporte un dérangement.

À son tour il dit, reprenant son aisance :

— On ne peut pas me déranger, de jour ou de nuit, Lucienne. Je suis chez moi ici. Mais je n’ai pas l’habitude…

Il marqua une hésitation.

— … l’habitude de recevoir de si belles personnes et, qui plus est, assez parentes pour pouvoir être familières avec moi. Alors je ne sais pas, faute d’expérience, comment dire et comment agir.

Lucienne suivait sa pensée avec sérénité. Au début, elle eût beaucoup permis à ce cousin joli garçon qui l’accueillait si facilement. Maintenant qu’il avouait sa gêne, elle s’en éloignait et une subtile malice glissa dans son âme.

— Jean, voulez-vous me permettre de vous dire pourquoi je suis ici ?

Il devint à nouveau écarlate. Ainsi il n’avait pas songé poser une question si naturelle, la première ! Ce fut comme s’il avait commis une