Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/57

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— Vous ne lui ressemblez pas, pourtant.

— Vous me feriez vous désirer comme il fit…

— Mais vous n’oseriez pas, vous qui…

Le regard coulait entre deux paupières étrécies. On voyait un mince segment de la cornée, et la bouche, comme une rose prête à s’ouvrir, plissait aux commissures.

Il ne comprit pas,

— Non, Lucienne, je n’oserais pas. Peut-être parce que je vous aime.

Les beaux yeux s’ouvrirent grands, avec une expression d’étonnement. Enfin la jeune fille murmura d’un air languide :

— C’est que je me défendrais…

Un doute naquit dans l’esprit de l’adolescent. La comédie était trop fine, les attitudes se liaient avec une sorte de volonté cachée qui l’étonna.

— Vous n’avez pourtant pas l’air de le croire, dit-il.

Elle eut un sourire ambigu.

— Jean, on peut avoir des faiblesses, mais je crois que je n’en aurais pas. Vraiment…

— Si je tentais…

Elle prit un air théâtral.

— N’y venez pas, je suis plus forte que vous.

Il se leva pour sauter sur elle. Et puis, un commandement intérieur le retint. Il eut honte