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Page:Dunan - Kaschmir, Jardin du bonheur, 1925.djvu/115

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KASCHMIR, JARDIN DU BONHEUR

per, avait accompli avant-hier bien des détours inutiles.

Le soir descend. L’ombre couvre le lac Dahal. À l’horizon, Sirinagar s’éclaire. Cette fois, il me faut agir vite et fortement. Lorsqu’on saura mon évasion, la poursuite sera rude. Décidé, je me lance à l’eau pour rentrer chez moi. Je songe en nageant qu’il devient utile de quitter sur-le-champ la vallée de Kaschmir. Cette Zenahab est certainement dangereuse et m’apparaît puissante. La race est d’ailleurs vindicative. Elle possède mille secrets de poisons, de guet-apens incompréhensibles, de trucs mortels. Il me faut donc partir. Ma vie désormais appartient au passant, au berger que je rencontre, au commerçant qui me parle, à tout le monde qui me côtoie. Je viens de faire beaucoup de choses pour vivre, il faut maintenant compléter l’orgueil de ma fuite par une totale mise en sûreté. J’aborde, épuisé, près de chez moi.