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KASCHMIR, JARDIN DU BONHEUR

bauche, par le haschich ou l’opium ? Cela ne pouvait se deviner, car elle paraissait robuste et saine. Mais en tout cas je gardais la certitude de mon impuissance — l’eussé-je tenté — à satisfaire aussi bien ses sens s’ils étaient exigeants que sa pensée, si son ardeur mentale seule était en question. Les morts dont elle nous offrait les têtes avaient sans doute été semblablement incapables de la réjouir. Peut-être l’athlète persan ou le méridional, coutumiers des exploits excessifs, pouvaient-ils réussir à créer en elle un délire convenable !

Mais moi, parisien calme, pour qui l’esprit est un meilleur aphrodisiaque que la matière, je n’étais certes pas l’amant rêvé. Allait-on maintenant m’égorger comme une chèvre sacrifiée à Siva, et confire ma tête ?…

Il faisait chaud dans ce caveau, par chance. Sans quoi, nu, j’aurais souffert. Comme le temps passait sans que j’enten-