Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/137

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Le Sarrasin lui dit qu’il partait bientôt pour l’Orient et lui offrit de l’emmener.

Ioanna accepta en hâte.

Le bateau dans lequel elle prit place était un petit voilier rapide et mince qui portait, outre elle et cinq hommes d’équipage, des choses mystérieuses dans des couffes et des peaux.

Un matin, à l’aube, la jeune fille heureuse monta dans la barque et se pencha sur les bords tandis qu’on hissait la voile. Le beau vent qui suit la vallée du Rhône, et qui assure aux navires de pouvoir toujours gagner la haute mer soufflait largement.

Comme le bateau quittait le rivage, parmi d’autres chargés de pastèques ou de graines, de tapis et de cuirs, elle vit alors un homme vêtu de blanc qui lui jetait, à grands gestes, des injures accompagnées de menaces.

Et un grand émoi saisit Ioanna devant le danger qu’elle venait certainement d’éviter.

Car cet homme était Gontram, son complice de Fulda, le fils de l’abbé Raban Maur.

— Qu’est cet individu ? lui demanda le Sarrasin qui avait tout vu.

— C’est un de mes ennemis. Il faillit me faire crever les yeux, couper la langue et brûler ensuite.