Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/141

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païens, que la religion du Messie Jésus abolissait un peu chaque jour ?

Comme elle en était là de ses songes, une main lui frappa l’épaule.

Ioanna se retourna. Un des matelots lui dit d’une voix lente et sans accent :

— Le maître t’attend sous le pont.

La jeune fille comprit. C’était son destin de femme qui reprenait. Pour la mener où ? Qui le saurait. Elle eut un instant de révolte secrète, puis se dirigea vers l’écoutille qui menait dans la panse du bateau.

Elle descendit une échelle et fut dans un lieu parfumé. Le Sarrasin l’attendait, assis sur une peau de bête, l’air impassible.

Il dit seulement :

— Dévêts-toi.

Elle hésita, mais vit qu’il avait la main à son poignard. Lutter… c’était se faire tuer, sinon par celui-ci, puisqu’elle pouvait prendre les devants, du moins par les matelots. Et bientôt son corps flotterait entre deux eaux, pâture des poissons, horreur indicible…

Elle se mit nue, rouge et coléreuse, dans un silence féroce.

— Viens ici.

Elle s’approcha.