Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/140

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existent depuis des siècles innombrables, des palais bien clos où vivent ensemble des femmes de toutes races parmi lesquelles le maître prend chaque soir une nouvelle épouse. Pour alimenter ce harem, des aventuriers courent le monde et ramassent partout des belles filles aux corps solides, sains, harmonieux et fermes…

Êtait-ce donc son destin, à cette heure, d’aller parer le palais de quelque sultan ?

Elle hésitait à fournir réponse à la question. Que d’une fille savante et qui émerveillait naguère les Parisiens, on pût faire une maîtresse de roi, était-ce déchéance ou succès ?

Elle ne savait. On lui avait raconté sur les palais des princes d’Orient tant de choses affolantes qu’elle restait sans idées devant cette perspective.

Certes, il advenait même qu’une épouse de monarque, là-bas, régnât et dominât de vastes empires. On avait vu cela et on le reverrait. Mais toutes finissaient dans quelque affreux supplice, vaincues par la trahison et la haine que tout être suscite quand il est puissant. Elle se souvint de la prédiction qu’on lui avait faite…

Fallait-il pas mieux, comme elle l’avait rêvé, se rendre à Athènes et là tenter de vivre parmi les derniers philosophes, les merveilleux souvenirs et les images des temps