Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/187

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à son gré. Elle devint, sur le parcours, une sorte d’apôtre. Même deux évêques, avertis qu’un saint et modeste évangéliste faisait presque des miracles, vinrent la saluer.

Ioanna jouissait de l’ironie de sa destinée et gardait au fond de sa pensée le secret des choses qu’elle pensait avoir pénétré à Athènes. Pendant ce temps on la guettait au Pirée, où Gontram supposait qu’elle dût s’embarquer.

Étrange voyage que celui-là, pour une femme incroyante, déguisée en homme d’une religiosité ardente. Comme le peuple est facile à tromper ! pensait-elle…

On traversa les terres ingrates et peu peuplées, où d’ailleurs le peuple grec avait commencé son illustre destin. C’était en Épire.

Ioanna vit les ruines de quelques temples vieux de deux mille années et surtout les fameux chênes de Dodone, dont la majesté la fit pleurer en secret.

Et ce fut enfin la mer nommée par l’Empereur romain qui aima tant le délicat éphèbe Antinoos.

On attendit longtemps une barque qui permettrait de traverser.

Tenue pour une sorte de saint, Ioanna n’avait qu’à converser avec ses ouailles pour que celles-ci crussent lui devoir tout. On l’entourait d’une protection parfaite. On