Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/216

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— Qu’il envoie ce roi en Enfer, et au plus tôt.

— Qu’il nous permette de n’avoir que des amants riches et fort généreux.

— Pour la fortune, Augusta, mais, pour l’amour, qu’ils soient jeunes et ardents.

— Oh ! moi, tu sais…

C’est ainsi, en écoutant deux filles sans vergogne, que Ioanna sut qu’elle venait d’être élue Pape.

Pape, en vérité, mais plutôt Papesse…

Elle se leva et regarda sa blessure.

C’était, en somme, cicatrisé. Le coup de couteau avait frôlé des organes délicats dont la blessure est redoutable, mais ce n’avait été qu’une caresse.

Elle pesa sur la cicatrice. Une douleur légère seule se percevait.

Elle étendit la jambe, plia sur les jarrets et vit que la guérison était acquise.

Seule, la trace rouge, mince comme une lettre ornée d’évangéliaire, se voyait au pli de la cuisse jouxtant le ventre.

Et la jeune femme médita sur ce coup donné en remontant et qui faisait disparaître à Naples tant de pauvres prostituées que l’on voulait éviter de payer. Il était à la fois érotique et napolitain. Elle avait donc failli mourir de sa propre luxure. Mais que lui fallait-il faire maintenant ?

La première de ses pensées fut de fuir