Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/217

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hors d’Italie. Elle ne pouvait pas accepter la Tiare papale, étant femme et en crainte de se voir surprendre dans son vrai sexe, scandale énorme et qui entraînerait des conséquences mortelles.

Mais elle éloigna cette pensée. Elle avait trop vécu pour que la peur gardât longtemps son influence sur cette âme dure, trempée dans des épreuves répétées.

Et Ioanna se mit à rire nerveusement.

Elle allait repartir pour Rome et se livrer au Trône de Saint-Pierre.

Le comique de sa situation lui apparut après le danger. Il était lui aussi très grand, et étrange, à mille égards.

Quoi, elle avait vécu avec modestie, et sans offenser personne. Son existence devait paraître studieuse et fidèle, et cela suffisait pour en faire un Pape…

Mais pourquoi donc élisait-on le plus souvent des prélats immoraux, plongés dans la débauche et dans la simonie ? Car il devait bien y avoir toujours, parmi les éligibles, un prêtre ou un évêque sain de cœur et d’âme, désireux seulement de justice et de bonté, propre à tenir enfin, dans son rôle d’intercesseur entre les hommes et Dieu, une place digne de cette prodigieuse situation. On ne prenait jamais ceux-là.

Pour une fois que l’on choisissait un être sans ambition, éloigné de toute brigue et de