Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/233

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Elle le repoussa.

— Ioanna je n’ai pu t’oublier. Depuis des années je te suis et l’amour croît sans cesse en moi. Ioanna…

Il parlait à mi-voix, en tremblant de passion.

— Je t’ai vue hier passer devant saint Jean, et t’ai reconnue. Alors me voilà !…

Elle dit d’une voix blanche.

— Taisez-vous.

Ioanna, te voilà Pape. Ah ! ce n’était point indigne de toi, de monter si haut. Je t’aime. Je suis fou de désir de ta chair…

Il répéta :

— Des années, je brûlai pour toi. Dis, je vivrai désormais dans ce palais, je serai le plus fidèle de tes gardes, je veillerai sur ta grandeur. Je sais ce que veulent certains qui visent de monter sur le trône du Christ. Je les tuerai…

Il parlait avec fièvre, tenant sur ses lèvres les mains de la Papesse, et enfin il voulut l’embrasser.

Elle leva le poignard.

Mais, d’une main ardente, Gontram fouillait sous la robe immaculée, brodée d’or et d’argent, couverte de pierres précieuses…

Et Ioanna, brusquement défaite, poussa un soupir. Son corps se tendit.

— Ioanna… Ioanna, souviens-toi de nos