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nuits sans lune, par la culture de quelques végétaux comestibles, par la chasse et par des trocs habiles pratiqués avec des habitants de demeures aussi isolées et sauvages que celle-là.

Le soldat, de son arc, de son habileté, de sa connaissance des bois, compléta ces ressources médiocres et fit prospérer la maison.

Des chèvres aussi broutaient dans l’enclos, avec des volailles étiques. Cela suffit.

Ioanna eut avec elle, presque tout le long des jours, celui qu’elle nommait son père.

Il l’instruisit.

Elle apprit à écrire et à lire. Il lui enseigna la langue d’Hellade, le latin et le parler des Francs qui est une sorte de latin corrompu. Elle apprit un peu, aussi, du sarrasin et du bulgare.

Il lui conta les fables de son pays où la mer est bleue et le ciel toujours empli de soleil.

Il lui expliqua de beaux mythes et que le corps doit être entretenu dans la santé par des ablutions, des soins et le goût de la forme humaine.

Il parlait des heures durant, heureux de pouvoir transmettre le trésor de sagesse que lui avaient légué les siens. Il racontait les temps heureux du monde, il y avait peut-être huit ou neuf fois cent ans. Alors le ciel, même à Mayence, était bleu et la tempéra-