Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/59

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était advenu. Elle pleura encore, puis l’énergie reparut en elle et le souvenir de l’homme qui lui avait tout appris conseilla et la prudence et l’énergie.

Tandis que la nuit tombait elle creusa une double tombe pour ceux qui avaient jusqu’à ce jour mené son destin. Elle y coucha les seuls êtres qu’elle aimait, avec, selon un rite païen, les objets qui leur avaient de leur vivant été familiers. Elle égalisa sur le lieu, la terre dure, prit quelques pièces de monnaie, car elle ignorait la cachette où sa mère dissimulait une sorte de trésor, se vêtit en homme, coupa ses cheveux selon la mode masculine, puis attendit le jour, un poignard sous la main, sans pouvoir dormir.

À l’aube, tandis que les oisillons pépiaient dans la forêt, Ioanna se mit en route au hasard

Elle emportait dans une sorte de gibecière un peu de nourriture et le sentiment de sa solitude l’emplissait d’une crainte amère.

Elle connaissait les sentes forestières jusqu’à Engelhem et d’autres villages. Elle n’ignorait pas qu’à l’est se trouvait une abbaye fameuse, au centre des bois, mais elle redoutait les moines qui ne laissaient pas d’être craints pour leur ardeur à convertir.

Elle prit, comme son père le lui avait dit, la route du Sud. Le matin se passa fort bien.