Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/76

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doit être mis au pain et à l’eau sept ans durant, et cet autre deux années seulement ? Les délits ne sont donc point égaux ?

Et fort aimablement avec son esprit fin et serein, le bon abbé répondait :

— Non, frère loan, on ne saurait égaler dans la punition celui qui fornique avec une femme sous ces deux formes. Dans le premier cas le crime est bien plus grave.

— Mais, mon père, de si longues pénitences ne sont-elles pas bien lourdes et en risque de faire perdre la santé ?

— Frère Ioan, durant qu’on les suit, on est en règle avec Dieu, et on s’assure le bénéfice de la vie éternelle. Ainsi est-on, pour cela, heureux dans l’infinitude des temps.

— Mais, mon père, si le péché est lié à sa punition et si la punition sauve, n’est-ce pas en quelque sorte le péché lui-même qui sauve par conséquent ?

L’abbé devant de telles questions sacrilèges s’effarait :

— Frère Ioan, il y a, en Orient, des hérétiques qui pensent cela et qui sont inspirés du Maudit…

Et Ioan recevait une pénitence immédiate à réaliser : Il lui fallait aller prier à genoux dans la chapelle, ou s’étendre, sur la terre nue, devant ceux qui bêchaient le sol afin de le fertiliser. Les moines cultivateurs frappaient alors la jeune fille du pied en passant, tandis