Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/77

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qu’elle disait à haute voix son repentir. Cette vie lui plaisait même en ses misères, car nul souci ne venait dérober à Dieu les heures lentes de chaque jour. On se levait et on priait, on travaillait et on priait, on mangeait et on priait. Il advint même à Ioanna de croire une nuit voir Dieu lui-même dans un songe éblouissant qu’elle conta le lendemain. Mais le vieux Raban Maur lui imposa une lourde peine pour la description qu’elle fit des délices que lui avait apportées la vision divine.

Il dit à son familier le père Wolf :

— Le frère Ioan a des inspirations étrangement lascives. Ne lui connaît-on pas d’ami intime, ici ?

— Non point ! fit le déchiffreur de manuscrits.

Il ne se dissimule jamais avec d’autres pour causer de choses secrètes ?

— Je sais que rien ne l’occupe que de sauver son âme.

Raban Maur haussa les épaules :

— Dieu sait partager les cœurs et leur laisser des faiblesses même parmi leurs vertus. Ioan est trop parfait et il m’inquiète.

— Les vues de Dieu sur lui nous sont inconnues. — Certes, mais aussi les vues du Malin.

Alors frère Wolf épia Ioanna avec plus de