Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/79

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— Allez, mon frère dit l’érudit. Et passez à la cuisine boire un peu de cette infusion d’herbe qui donne le sommeil et le calme du corps.

La jeune fille entra dans sa chambre nue. Il faisait une chaleur lourde et accablante. Elle se mit à genoux, près du grabat qui lui servait de lit et pria.

Elle se sentait plus proche de Dieu, ce jour-là, et il lui semblait que l’infini s’ouvrit, à sa prière, plus ardemment qu’à celle de tous les autres moines.

Ensuite elle s’étendit.

Mais elle était incommodée par sa lourde robe et pensa la quitter.

Pourtant, si on la surprenait ?

Sa porte ne fermait point, mais, au vrai, le couloir qui y menait était isolé dans le jour, car la nuit on y passait pour se rendre à la chapelle.

Elle se recoucha. Le cœur lui battait à grands coups.

— Mon Dieu, pria-t-elle, faites que je m’endorme car je me sens énervée et presque en état de péché.

Une force la soulevait malgré elle, lui arquait les reins et lui disjoignait les jambes. Elle sentait son sang, comme un sirop bouillant, passer avec lenteur dans ses veines.

— Mon Dieu donnez-moi le sommeil !

Enfin, n’y tenant plus, elle quitta la robe