qu’il évitait d’introduire dans ses livres des personnages trop nettement tranchés, professant, comme Renan pour lequel il avait une grande estime, que la vérité est dans la nuance. Il s’est fermé ainsi littérairement des milieux humains dont l’étude n’aurait pas été sans fruits, mais il professait que toute la délicatesse des analyses se perdait devant des êtres trop exacts. D’ailleurs, on voit bien que les grandes passions soulevant les personnages de son œuvre sont toujours tempérées par d’autres désirs, d’autres attentes, d’autres impulsions, tout un écheveau de poussées mentales complexes, contradictoires, et infiniment subtiles, dans lesquelles il aimait à évoluer et à autopsier. Je puis donc dire, en pesant mes mots et en toute indépendance, que René Boylesve est ici incomparable, supérieur sans doute sur ce terrain à presque tous autres écrivains français. En somme, la morale de René
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