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LE SABBAT

étrangère, se ruent sur le couple immonde, car, sous les seins la dame est remplie d’ulcères et sa chair goutte du pus.

Mais une voix, sourde et perçante à la fois, tonne dans le pré limité par les chandelles noires qui brûlent et vacillent sans se consumer.

— Voici le Maître du Sabbat.

Une vapeur s’élève de partout, noie les groupes dans une odeur infernale, et fait que chacune et chacun sent un moment sa solitude. Peut-être, à cette seconde, s’il était quelque être ici pour se repentir, lui serait-il permis de fuir l’atroce sacrilège qui se prépare.

Mais tout le monde est excité par la présence du Malin, et se prépare aux débauches qu’il commande, aux plaisirs qu’il dirige, aux succès qu’il promet…

Le nuage se dissipe et tous les assistants se jettent à plat ventre en poussant des cris de joie :

— Il est là !

Sur le trône, une sorte de flamme pourpre oscille et flotte.

Elle se penche vers tous ces corps, nus ou vêtus, dont la salacité du Démon se divertit. Elle s’élève et diminue, puis une voix en sort, horrible :

— Ah ! ça, mes amis, bon Sabbat !

— Maître, soutiens-nous ! crie une voix frêle de femme dans le silence qui succède.