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Page:Dunan - Les Amantes du diable, 1929.djvu/102

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LES AMANTES DU DIABLE

pustuleux et des salamandres dont les yeux luisent d’une flamme verte.

Un énorme serpent mène toutes ces bêtes vers le trône vide, où bientôt sans doute viendra s’asseoir le maître des Sabbats.

Babet cherche des connaissances. Elle voit passer, l’air lamentable, un galant qui semblait plus éveillé au jour où il lui prit la taille dans la venelle qui passe derrière la maison du Bailli, là où les amants se réfugient au soir tombé pour défier toute vergogne humaine et divine. Et elle remarque quelle sorte de mélancolie épouvantée tient à cette heure tous ces suppôts de l’Enfer.

Car ils se savent damnés.

Mais soudain un grand vent passe, un vent chaud et qui sent les aromates, avec le soufre. Puis, en l’air, c’est une sorte de clarté blonde qui serpente. On devine la venue du Maître.

Un homme d’armes à figure masquée court en brandissant son badelaire. Une femme lui saute à cheval sur le dos en criant :

— Au ladre !

Tout le monde s’éveille. L’audacieuse arrache alors le masque, et l’on voit avec horreur une figure creuse, sanieuse, ravagée et putride de lépreux.

— Je t’aime ! crie au lépreux la dame au hennin en l’embrassant avec frénésie…

Et toutes, comme poussées par une volonté