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RÉUSSIR

aigus et des appels qui venaient d’assez loin, mais semblaient fort étranges.

On mit l’arme au bras et on se rangea en ordre de bataille, puis on se décida à avancer sans faire de bruit vers le lieu d’où partaient ces hurlements de fauves, mêlés à des gémissements humains.

Et c’est ainsi que la petite troupe se trouva subitement devant la mare autour de laquelle des possédées se livraient à tous les actes horribles qui témoignent de l’appartenance à Satan.

Le chef du détachement avait été prêtre. Il s’était rejeté dans l’armée parce que cadet de bonne famille, mais surtout fort coléreux, ce qui est guerrier, quoiqu’il fût encore d’une dévotion qui ne laissait pas de paraître excessive.

Il commanda le feu pour exterminer toutes ces maudites, qui, très visiblement, n’avaient plus que l’apparence d’êtres humains.

Et c’est pourquoi Babet avait entendu, sans comprendre ce que c’était, cette fusillade à laquelle un instinct heureux, le juste équilibre de ses facultés et peut-être, pensait-elle, une protection satanique particulière, lui avaient permis d’échapper.

Elle ignorait que les troupes royales fussent dans le pays pour faire sentir au baron des Heaumettes les règles du droit romain, lequel veut qu’on évite de se faire justice soi-même.

Au demeurant, dans l’espèce, le baron ne pou-