Aller au contenu

Page:Dunan - Les Amantes du diable, 1929.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
209
RÉUSSIR

pagner par lui. Et il se trouverait en présence sans plus du jeune homme inconnu qui ne lui voulait que du bien.

Elle sentait d’autant mieux la possibilité de changer d’existence et de gagner les rives sociales de la bourgeoisie, que son amant lui avait conté comment, d’ennemi mortel du roi, et qu’on eut fait exécuter naguère, il avait pu devenir ami de ce même roi, son confident, et presque son secrétaire ou son ministre. Les choses de ce monde sont changeantes. Tel qui se trouve aujourd’hui humilié, demain sera tout puissant. Mais tel autre qui apparaît sur les marches du trône peut, le temps de rien, dégringoler bien bas.

Elle riait encore de savoir que le roi lui-même était venu avec ses troupes pour humilier le baron des Heaumettes et lui faire indemniser la comtesse d’Assien.

Peut-être, en sus, l’emprisonnerait-on à la Bastille, qui est un grand château de Paris, transformé en prison, où l’on met les gens auxquels Sa Majesté reproche quelque chose.

De prévoir la minute où le vieil ennemi des Hocquin serait vaincu et à son tour maltraité, Babet connaissait au fond d’elle-même une joie subtilement précieuse, qui est la satanique satisfaction du malheur d’autrui.

Enfin elle fut à sa demeure obscure, dans le