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Page:Dunan - Les Amantes du diable, 1929.djvu/74

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LES AMANTES DU DIABLE

Hocquin parti chasser, s’avisait de lui parler d’amour, sûr de l’émouvoir, elle tremblait de joie et d’espoir de fortune. Car Satan lui apparaissait.

Il ne lui venait d’ailleurs point à l’esprit que de telles délices fussent autre chose que des plaisirs envoyés par l’Enfer. Il les offre à celles qui lui appartiennent, afin qu’elles regrettent moins leur part perdue de Paradis…

Dans les minutes où son âme hésitait sur la route à prendre, et où elle eut désiré se racheter devant Dieu, elle s’avouait pourtant, que la joie d’amour vaut la perdition…

Une horreur la prenait toutefois, après ces exaltations mystérieuses, dont elle ne pouvait s’exonérer l’âme, et elle priait soit Dieu, soit Satan avec des mots semblables et dans une sorte de farouche égarement.

Jean Hocquin continuait son dangereux métier. Dès la nuit venue, il partait en chasse, hardi et dur, aimant à souffrir de la bise froide et de mille menaces, tandis qu’il laissait sa Babet avec le jeune étranger. Il n’avait aucune jalousie. La passion amoureuse était toute hors de sa pensée. Même il éprouvait une façon de plaisir à comprendre que Babet fut tendre avec le gentilhomme poursuivi. Il se disait : « Que je sois pendu demain et elle aura ce protecteur. »

Ou encore : « Ne faut-il pas qu’elle éprouve un