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LES AMANTES DU DIABLE

parole de vérité. Sais-tu que mes aïeux sont sorciers de père en fils depuis mille ans. Nous avons exercé cet office dans tous les pays du monde.

— Cela ne vous enrichit pas.

— J’ai d’autres bonheurs que la richesse, sotte ! Enfin sache que l’âme du pendu germe la nuit même et produit une semblance de racine blanche qui sort de terre à moitié et qu’il faut arracher en tournant la tête. C’est la mandragore. Elle crie en sortant du sol, mais ce cri c’est la preuve de son efficacité.

— Et qu’en fait-on ?

— Des charmes si puissants que le Maudit lui-même est contraint de leur obéir. On transforme des ronds de carottes en pièces d’or, on devient invisible à volonté, on est mage et sorcier.

— Vous pouvez vraiment devenir invisible ? demanda Babet terrifiée.

— Oui, certes.

Et il se leva.

— Tiens !

Il prononça quelques paroles incompréhensibles et fit en l’air des signes étranges en forme de croix. À la fin, il leva sa robe qui soudain tomba à terre.

Et Babet ne vit plus rien devant elle. Le mur de pierre seul était là et la robe du vieillard chue sur le sol.

Elle eut vraiment peur et cria :

— Dites, dites, reparaissez !