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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS

commerciale, où il trônait comme un dieu, ni lui verser plus que des sommes dérisoires pour se vêtir et parer leur appartement.

Au demeurant, il ne lui demandait jamais d’explications sur ses actes et la laissait absolument libre de mener sa barque selon son gré. Il est probable, quoiqu’il n’en dît rien, que les frasques de sa femme lui fussent agréables, si elles se manifestaient productrices. Marchand pur, il voyait intelligence et vertu partout où il y avait négoce à bénéfice…

Sa femme profitait donc de la liberté accordée pour fréquenter, au titre de fournisseuse de passions diverses, les maisons de rendez-vous.

Au demeurant, cette femme avait beaucoup de morgue et la certitude de sa supériorité en tout. Elle parlait de ses amants comme de gens qui risqueraient la hart et la roue pour accourir lui porter et de l’or et du plaisir.

Mais ce plaisir, elle avouait le réserver, selon les lois morales les plus strictes, à son seul mari.

À ses questions, Amande répondit en inventant divers mensonges sur sa propre vie, car la vérité lui semblait, avec juste titre, devoir paraître bien fâcheuse.

Et lorsqu’on la crut femme d’un officier supérieur, fille d’un amiral et en proie à des jalousies inextinguibles, tout le monde fut satisfait…