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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS

Le garçon la regarda avec une stupeur parfaite.

— Madame ?

— Eh bien ?

— Nous ne tenons pas cette consommation-là.

— Alors, un petit cocktail, un Manhattan.

— Mais, madame, le patron nous a défendu de vendre cette liqueur aussi.

— Pourquoi donc ?

— Parce que…

Le pauvre type cherchait une explication rationnelle et se tut.

Alors Amande dit avec simplicité :

— Donnez-moi un bock. Vous tenez la bière ?

— Oui, madame, voilà !

Elle but avec lenteur le liquide froid et mousseux, pensant qu’en somme c’était bien meilleur et plus désaltérant que les alcools compliqués qu’elle avait demandés au début.

« C’est, pensait-elle, une leçon de délicatesse que me donne ce garçon. On ne doit pas se faire remarquer en demandant des produits exotiques pour souleries américaines, dans un bar où fréquente le bon peuple de Paris. »

Amande allait payer, lorsque, derrière elle, une voix légère tinta. Une main molle et insistante passait en même temps sur son épaule, puis descendait, frôlait son sein droit, et continuait une sorte de palper jusqu’à la croupe.