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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


pouvoir vous satisfaire. Permettez-moi de m’excuser et de me retirer.

— Oh ! je puis faire un essai avec vous. Entrez donc ici.

C’était une pièce tendue en noir avec des larmes peintes le long des murs.

— Vous avez perdu quelqu’un ? demanda Amande.

— Mais non ! c’est ici le lieu où je veux vous montrer à un de mes meilleurs clients. Il ne se trouve en forme que si le décor est funèbre. Encore celui-ci ne l’est-il pas assez à son goût. Les jours normaux il avertit la maison de Borniol de lui fournir en complément trois croque-morts pour être témoins de ses amusements.

— C’est gai !…

— Mais ce monsieur est très amusant…

— Je vous crois. Et alors il est là ?

— Oui. Il attendait que vienne sa favorite, une jeune comtesse qui a été aux huit dixièmes empoisonnée par mégarde en mangeant des cornichons toxiques, et qui possède vraiment un physique harmonisé au décor.

— Et moi, vous croyez que je lui plaise ?

— Sans doute. Je vais vous mettre une robe de mariée et vous ferez la morte.

— Merci, dit Amande qui se tordait. Je ne suis pas du tout portée vers ce genre de carnaval funèbre et amoureux. Si vous n’avez