rentes en grâces de tous pays, elle n’avait
obtenu que le deuxième prix, ayant refusé,
avant lecture du palmarès, de couronner la
flamme d’un attorney général qui était aussi
juge suprême en matière esthétique. Elle faillit
même, pour son refus, être électrocutée
comme auteur de seize crimes affreux commis
dans l’Arkansas peu auparavant, car les attorneys
d’Amérique ne rigolent pas lorsqu’on
refuse de leur faire hommage de quelque
chose dont ils ont désir. Mais Neige Borgia eut
toutefois la chance de séduire le boss politique
du pays, lequel était d’ailleurs de
figure agréable, tandis que l’attorney s’attestait
on ne peut plus mal fichu. Et le boss, qui
avait des accointances avec les gardiens de
la prison où Neige attendait l’électrocution, la
fit un jour sortir sans plus de façons. Dans sa
cellule, on mit à sa place le premier prix de
beauté, une belle enfant cubaine qui, elle,
avait justement fait au boss ce que Neige
faisait à l’attorney. Ainsi va le monde, dans
un juste équilibre… Tout à fait blasée sur les
amours américaines, Neige Borgia repartit
en hâte pour Paris.
Elle avait, on le devine, acquis du toupet dans ces aventures assez rares, où le fauteuil électrique jouait le rôle dévolu généralement à un petit bidet. Elle fit donc beaucoup parler d’elle et acquit de ce chef des amants de haute dignité : un financier qui n’avait que