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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


C’est ce que fit remarquer Amande, sans cesser de rire :

— Voyez, ma gaîté offusque nos voisins. Ont-ils l’air triste ? Décidément, la mimique que vous voulez me montrer n’est pas du tout destinée à amuser. C’est peut-être de la propagande repopulatoire. Ma foi, je pars.

— C’est que l’amour, le véritable amour, est une chose certes divertissante, mais non point risible.

— Eh bien ! je m’en vais tout de même. Après tout, j’ai bien le temps de voir ça. Je n’ai pas passé l’âge.

— Restez donc encore cinq minutes !

— Mais pourquoi faire ? Il y a trois heures que je m’amuse sans gêne et sans façon. Il ne faut pas abuser des meilleures choses. Et puis il doit être tard ?

— À peine deux heures du matin.

— Déjà… Mais c’est fou. Je ne pensais même pas qu’il fût minuit. Je fuis, je fuis !…

— Voulez-vous, mademoiselle, que je vous accompagne ?

— Pourquoi faire, monsieur ? Je vais fréter un taxi. Je ne crains pas les mauvaises rencontres. Je n’ai point de collier à me faire voler.

— Mais j’ai ma voiture dehors.

Cette fois Amande hésita un instant. C’était un complément délicieux de sa soirée que ce

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