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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


profité d’un de ces moments légers, où un ennemi atténue toujours sa prise pour la rendre plus complète ensuite.

Elle recula vite :

— Brute ! fit-elle furieusement.

Alors, se lançant sur elle comme un fauve, l’autre la prit par les jambes et la culbuta.

Amande roula sur le sol avec un cri puis se sentit dominée par un corps robuste, qui tentait en même temps, de la garder immobile, de lui interdire l’emploi des mains, de lever la jupe et de lui disjoindre les jambes. C’était toutefois trop compliqué. De fait, ce labeur complexe ne se fit pas aussi facilement que l’homme pensait d’abord…

Mais ce qui vainc les femmes agressées, c’est toujours moins la vigueur du violeur que le désordre et l’exténuement provoqué dans leur esprit et dans leurs muscles par une lutte excessive et la tension nerveuse qui en résulte. Il vient généralement un instant où la femme qui se débat succombe donc par lassitude et incapacité de se crisper plus longtemps. Sa défense est moins centrée et moins tendue vers un but exclusif que l’attaque et son désir. D’où le fléchissement, qui est une réaction.

Se tordant en tous sens comme un serpent pris par la tête, s’efforçant de crier ensemble et de garder ses cuisses en contact, secouant ses bras et soubresautant du torse, Amande comprit enfin que de si violents efforts allaient