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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


çantes. Amande crut voir de grands fauves tapis qui allaient sauter sur elle pour la dévorer…

Mais, par chance, c’était une jeune fille moderne, et qui tenait à contrôler en temps normaux sa pensée et ses impressions. Elle se mit à rire nerveusement :

— Je deviens folle, ma foi !

Peu à peu elle se maîtrisa :

Quoi ! elle était tout simplement au Bois de Boulogne, où nulle bête carnivore ne se promène autrement qu’en cage. Pourquoi trembler ? Autour de son existence, combien d’autres humanités erraient même en ce moment, à cent pas ou plus près…

Il est vrai qu’au milieu de la nuit il est douteux que les habitants du Bois soient de morale bien relevée, et souvent il en est de criminels. Perdant sa première peur hallucinée, Amande n’en devait donc pas, pour si peu, renoncer à une légitime prudence. Mais celle-ci devait être graduée selon les circonstances et réclamait une conscience totale. Le certain, c’est qu’elle devait s’en sortir.

Et, là-dessus, Amande se sentit rassurée. Elle chercha la direction de Paris.

La jeune fille avance maintenant à pas lents et médités. Il lui a semblé entendre du bruit non loin. Elle s’accroupit pour calculer et méditer, puis reprend sa route. Paris est décidément là-bas. Sa grande clarté roussâtre