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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


donne à un gros gaillard en questionnant les témoins :

— Hein, n’est-ce pas que c’est bien, comme ça ?

Qu’est-ce que cela peut lui faire que ce soit bien ou non, vu de l’extérieur, si elle y trouve de l’agrément ? se demande la jeune fille éberluée.

Car elle ne sait pas encore que le sentiment de l’approbation ambiante, qui alimente de vanité bien des âmes d’actrices, voire d’orateurs et de sermonnaires, est une des forces sociales les plus puissantes et les plus aphrodisiaques qui soient. Amande en est encore à l’idée de l’amour tout simple et tout nu. Mais l’amour, au vrai, tire sa violence de contingences qui lui sont étrangères d’un égard purement sexuel. L’orgueil satisfait vaut une boisson cantharidée et le goût d’être admiré résiste dans les âmes blasées, aux circonstances les mieux faites pour le chasser.

Amande médite tout cela parce qu’elle est rassurée sur les suites de son aventure. Elle espère bien que parmi ces acteurs d’Eros, il en sera tout à l’heure au moins un, très satisfait et calmé, pour consentir à la ramener chez elle sans lui demander aucune action fâcheuse.

Elle est sans doute fort naïve de le supposer, mais elle n’a pas le temps de vérifier les erreurs où elle s’enfonce.