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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


prouesses contre la peste, les infidèles et les moukères du pays.

On fit même allusion à ce Sidonien de Baverne d’Arnet, qui paria élégamment en 1794 de se faire guillotiner, et perdit son pari… Ce furent autant de souvenirs attendrissants. Puis on insista avec grâce sur celles — les grâces — de la toute charmante Amande. On se garda de rappeler la mésaventure du Bois de Boulogne qui n’était plus de mise, pour évoquer le temps où la gente enfant avait le premier prix de thème grec au lycée Scarron. On la montra, dans sa jupe courte, courant sur un terrain de tennis, raquette en main et proférant, d’une voix de cristal vénitien, des mots anglais, dépourvus de tout sens, mais qui aident les balles à aller droit… On l’évoqua encore dans ces bals mondains dont elle faisait l’ornement, et où elle disputait la palme du tango à la plus savoureuse disciple de Terspichore de notre époque, la toute belle Sylvie Plattsbits, née de Bourbonnelle. C’est une Anglaise, métissée de Marseillaise et de Niçoise, née en Australie, élevée à Constantinople, éduquée à Paris et qui danse comme si la danse était sa personnelle propriété.

Ainsi la presse donnait un lustre discret au mariage de la douce Amande avec monsieur Adalbret de Baverne d’Arnet. D’ailleurs cela réjouissait prodigieusement la famille du