que satins immaculés et mousselines virginales.
L’impression faite par cette tenue
supercandide fut si grande, sur la femme de
chambre qui aidait Amande, que la pauvre
fille se mit à pleurer comme une Madeleine
en songeant qu’elle n’en aurait sans doute pas
autant à ses épousailles, malgré un désir violent
comme le lumbago. Pour cette jeune
personne, qui d’ailleurs aimait ensemble tous
les garçons livreurs, les facteurs et les commis
bouchers, le rêve était en effet de se
marier un jour avec une combinaison de
satin immaculé, une robe de tulle candide et
un bouquet de fleurs d’oranger authentiques,
venu de Nice par avion…
Ainsi vont les choses que dans chaque classe de la société les joies ont une valeur différente et souvent opposée. Car, en vérité, Amande se fichait des cérémonies du mariage autant que des contes de Perrault. Elle se serait bien mariée en costume de ville, en chemise, ou nue, elle aurait volontiers remplacé la symbolique fleur d’oranger par des lilas, des orchidées ou des gueules-de-loup, sans y attacher plus d’importance. Et ce qui la divertissait c’était exclusivement le côté théâtral et primitif de ce cérémonial antique et un peu risible dont elle se gaussait sans façons.
Elle dansa même un petit charleston, toute seule, en sa combinaison si étroite qu’elle lui