Page:Dunan - Les Marchands de Voluptés, 1932.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
62
LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


que satins immaculés et mousselines virginales. L’impression faite par cette tenue supercandide fut si grande, sur la femme de chambre qui aidait Amande, que la pauvre fille se mit à pleurer comme une Madeleine en songeant qu’elle n’en aurait sans doute pas autant à ses épousailles, malgré un désir violent comme le lumbago. Pour cette jeune personne, qui d’ailleurs aimait ensemble tous les garçons livreurs, les facteurs et les commis bouchers, le rêve était en effet de se marier un jour avec une combinaison de satin immaculé, une robe de tulle candide et un bouquet de fleurs d’oranger authentiques, venu de Nice par avion…

Ainsi vont les choses que dans chaque classe de la société les joies ont une valeur différente et souvent opposée. Car, en vérité, Amande se fichait des cérémonies du mariage autant que des contes de Perrault. Elle se serait bien mariée en costume de ville, en chemise, ou nue, elle aurait volontiers remplacé la symbolique fleur d’oranger par des lilas, des orchidées ou des gueules-de-loup, sans y attacher plus d’importance. Et ce qui la divertissait c’était exclusivement le côté théâtral et primitif de ce cérémonial antique et un peu risible dont elle se gaussait sans façons.

Elle dansa même un petit charleston, toute seule, en sa combinaison si étroite qu’elle lui