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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


Il fallait qu’elles fussent stupides, mal embouchées et sans goût pour leur métier. À ce prix Adalbret y trouvait un charme infini et des satisfactions merveilleuses, surtout parce qu’elles le dispensaient de toute volonté, de tout acte et de toute responsabilité. Quelle erreur il commit donc le jour ou il lia sa vie avec cette Amande qui avait de l’esprit, était jolie et le transportait si bien qu’il en restait pantois ! Le malheur, c’était qu’Amande fût incapable de se contenter des imaginations qui longtemps satisfirent nos grand’mères… Ah ! la vie devenait pénible pour le mari d’Amande…

Tout à fait furieux, il prit le parti de sortir, et, comme la scène, quoi qu’il en eût, lui avait donné des idées sans chasteté, il courut prendre un taxi qui le descendit au coin des Extérieurs et de Barbès. Il s’en alla ensuite sous les arches du métro, dans la direction de Belleville. Il espérait bien découvrir une fille assez vulgaire et fanée pour le séduire sans polluer le souvenir d’Amande. Et il se sentait de force à lui dévouer une sorte de fleuve d’amour.

Il ne tarda pas à mettre la main sur la dulcinée désirée. C’était une ancienne dompteuse de foire, sans doute, car elle portait encore un dolman à brandebourgs et des bottes montantes. Il ne lui manquait qu’une cravache et une descente de lit en peau de