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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


chair blanche et rose, imperceptiblement relevé ça et là de touches de couleurs fines. Il ne se sentait pas à l’aise. Pourtant il tenait à ses idées et ne divorcerait jamais. Quoi ! il saurait bien mater une femme comme Amande, tout de même…

Tous deux se regardèrent en silence un instant. La coléreuse avait élevé le ton, et une légère teinte pourpre marquait ses pommettes. Elle sentait que sa nudité froissait Adalbret qui lui avait tant de fois prouvé sa pruderie et sa peur des choses secrètes de l’amour. Aussi s’étalait-elle avec une insolence voulue.

Adalbret pensait de son côté qu’il s’était montré bien stupide en prenant femme dans le monde des adolescentes éduquées. Que n’avait-il cherché une petite sotte, un rien vicieuse, mais froide, comme il en est tant. Il aurait à cette heure la paix.

Celle-ci, malheureusement, sentait son tempérament manifester désormais des exigences. Et le comble c’est qu’Adalbret ne se connaissait aucune inspiration avec Amande… Il était intimidé, et un amour puéril, autant que sentimental, l’inhibait. Par-dessus tout, il ne voulait l’avouer… Oui ! que voulez-vous, c’était ainsi. Cet homme ne pouvait s’émouvoir qu’avec des prostituées de la plus basse catégorie. Les rôdeuses des boulevards extérieurs seules lui procuraient quelque joie.