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Mais la femme cherchait un acte définitif à accomplir, et c’était la raison de son peu d’éloquence. Elle trouva enfin.

Et elle tira de son sac un magnifique pistolet.

C’était une arme automatique extrêmement perfectionnée, et qui ne devait certainement jamais pardonner.

Et elle le dirigea vers son amant.

— Comment, tu oses me tromper avec cette fille de rien ?

Margot n’aimait pas qu’on l’insultât.

Elle riposta :

— Dites-donc, je vous vaux bien, espèce de pimbêche.

L’autre changea la direction de son arme et la dirigea vers la jeune fille, que cela ne suffit point à terrifier. En même temps elle disait :

— Oui ! c’est vous que je veux tuer.

Margot n’avait aucunement peur. Elle était de ces femmes pour qui tout passe après l’amour et l’orgueil. Ce qu’elle voulait, avant tout, c’était donc d’asseoir la survenante d’une solide réponse.

Et elle dit carrément :

— C’est du vice, de se servir comme ça d’une pétoire…

Il faut avouer que malgré l’incontestable tragique de la situation, l’amant eut envie de rire à cette réponse, et il cria joyeusement :

— Marthe, tu nous ennuies, remporte ta mitrailleuse. Je ne te dois rien. Je ne t’ai jamais juré d’amours éternelles, nous ne sommes pas époux, et, en somme, tu n’as absolument pas de reproche à me faire. Donc, le mieux est de t’en aller. Tu vas être en retard chez ton patron.

Elle dit orgueilleusement :