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— Je m’en moque, je suis sa maîtresse. Il ne peut me coller dehors, ça ferait du bruit…

Le jeune Boursier tenta de canaliser le drame en faisant de l’esprit :

— Puisque tu es sa maîtresse, que dirais-tu si j’allais, moi, aussi le menacer avec un canon de 280 ?

Mais Marthe n’était pas accessible à la simple logique. Elle voulait s’en aller avec les honneurs de la guerre, ce qui, dans l’âme des femmes prime la plupart des autres sentiments.

Et, pour cela, il n’y avait qu’un seul parti à prendre, c’était de tuer quelqu’un.

Elle tira.

Il y eut un bruit terrible. Les vitres sonnèrent. Une fumée compacte se répandit dans la pièce et la malheureuse, convaincue qu’elle avait un meurtre sur la conscience, se laissa enfin tomber à terre en poussant des cris aigus.

— Pardon !… pardon !…

Dans le nuage qui emplissait la pièce, l’amoureux parvint à regarder le visage de la charmante Margot. Il était un peu pâle. Dame ! mettez-vous à sa place, l’émotion s’explique. Mais il n’y avait aucune trace de sang et de se sentir parfaitement bien portante, Margot connaissait même une félicité qui s’épanouissait en léger sourire.

Le jeune homme lui murmura à l’oreille :

— Tu n’as rien ?

— Non ! fit-elle.

— Alors je vais expulser cette braillarde.

Il se leva en riant.