Page:Dunant - Un souvenir de Solférino, 1862.djvu/76

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l’appuyèrent efficacement de leur concours ; elle nomma pour la direction supérieure des hôpitaux, sur la proposition de l’éminent docteur Bartolomeo Gualla, une commission centrale dont il fut le président, et qui fut composée des docteurs Corbolani, Orefici, Ballini, Bonicelli, Cassa, C. Maggi et Abeni, lesquels, avec une activité digne d’admiration, ne s’épargnèrent aucune peine ni le jour ni la nuit. Cette Commission établit à la tête de chaque hôpital un administrateur spécial et un chirurgien en chef, aidé par quelques médecins et par un certain nombre d’infirmiers. En faisant ouvrir un couvent, une école ou une église, elle créait, en peu d’heures et comme par enchantement, des hôpitaux pourvus de centaines de lits, d’une cuisine spacieuse et d’une buanderie, et approvisionnés de linge, comme de tout ce qui pouvait être utile ou nécessaire. Ces mesures furent prises avec un tel empressement et avec tant de cœur qu’au bout de peu de jours on s’émerveillait du bon ordre et de la marche régulière de ces hospices si multipliés, et cet étonnement était bien naturel quand on réfléchit que la population de Brescia, qui est de quarante mille habitants, se trouva, tout à coup, à peu près doublée par plus de trente mille blessés ou malades[1]. Et comment ne pas rappeler ici

  1. Du 15 juin au 31 août, et d’après des chiffres officiels, on a compté, seulement en fiévreux et en malades, 19,665 soldats reçus dans les hôpitaux de Brescia, dont plus de 19,000 appartenaient à l’armée franco-sarde. De leur côté, les Autrichiens comptaient au moins 20,000 malades dans leurs hôpitaux de la Vénétie, sans parler de la masse des blessés qui y étaient aussi soignés.