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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/103

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brève, vous n’êtes qu’un pauvre coquin et qu’un triste menteur. Votre capitaine ne vous envoie pas près de moi, et vous n’aurez point la bague que vous demandez.

Cette réponse, qui me parut plus fière que prudente, dompta cependant le saltéador.

— Mais, señora, reprit-il d’un ton humble et soumis, que dirai-je à mon capitaine ?…

Doña Jesusita sembla hésiter ; puis, s’emparant tout à coup, par un brusque mouvement, d’une simple bague en cheveux qui entourait le doigt de son mari, elle la tendit, à travers la portière, au saltéador :

— Vous direz à votre capitaine que cette bague est tressée avec mes seuls cheveux, et que je désire qu’il la conserve en souvenir de sa générosité envers moi… Que, quant à la bague en diamants que vous me réclamez faussement, en son nom, je la garde pour la donner, en offrande, à la patronne du couvent de Tabasco, dans lequel j’entrerai comme novice d’ici à un mois… Allez.

Le saltéador s’inclina humblement en recevant la bague des mains de Jesusita.

— C’est égal, mon pari de cent piastres est perdu, murmura-t-il à demi-voix et comme se parlant à lui-même ; puis ramenant sa bride et piquant son cheval