Aller au contenu

Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment parce que, sans me connaître, vous m’avez offert votre amitié et tendu votre main… parce que j’ai vu briller dans vos yeux un éclair de sympathie véritable… l’unique amitié, la première sympathie qu’un être humain ait éprouvée pour moi.

— Vous exagérez, señor Quirino.

— Hélas ! non, je n’exagère pas… Nous autres Gambusinos, qui vivons en butte à l’envie de tous, nous savons lire dans le regard des hommes aussi sûrement que dans les sables du désert… Armés d’une perpétuelle défiance, nous devinons aisément, sous les semblants de la bienveillance, le piége de la trahison… Or, vous êtes le premier, je vous le répète, dont le regard sympathique ait pénétré jusqu’à mon cœur… Vous n’avez donc pas à vous étonner que je veuille vous récompenser par le don d’une fortune, — qui, du reste, ne me coûtera rien, — de m’avoir fait ressentir le plus vif plaisir qui ait égayé ma vie.. Croyez-moi… ne me refusez pas…

— Merci, j’accepte, — m’écriai-je, presque malgré moi, entraîné par l’air d’inexprimable bonne foi et de profonde conviction qui régnait dans la réponse du Gambusino.

— Ainsi c’est une affaire conclue, — me dit-il, — nous partirons dans trois jours.