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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/63

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— Est-ce que vous le connaissez ? me demanda le sénateur.

— Mais… nous nous sommes rendu mutuellement quelques services.

La señora Moratin, qui semblait assoupie, ouvrit ses grands beaux yeux et me regarda avec attention.

— Toutes les femmes en raffolent, reprit le sénateur de Tabasco, excepté toutefois la señora Moratin, que j’ai toujours trouvée d’une partialité incroyable à son égard, probablement parce qu’il aura oublié de lui faire sa cour.

À cette réponse qui sentait le mari d’une lieue, doña Jesusita haussa imperceptiblement les épaules et retomba endormie.

La conversation s’arrêta alors ; la femme du sénateur, ainsi que je viens de le dire, semblait dormir, son mari suivit bientôt son exemple ; le ranchero Camote allumait toujours une nouvelle cigarette et doña Lucinda Flores, les yeux levés vers le ciel, paraissait absorbée par de graves pensées et souriait aux nuages ; quant à moi, je réfléchissais aux événements qui m’étaient survenus si à propos depuis la veille pour donner de l’intérêt aux derniers moments que je devais passer au Mexique, je m’étonnais de ce curieux hasard qui me faisait me trouver avec doña Jesusita Moratin, dont le mari était justement un admi-