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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/64

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rateur de, Bravaduria. Laissant peu à peu l’imagination l’emporter sur le souvenir, et la fiction sur la réalité ; j’arrivai, sans m’en douter, à composer dans mon esprit, avec tous ces événements et ces rapprochements divers, un petit roman fort bien intrigué. Au moment où je cherchais, en poursuivant ce travail, un prétexte plausible pour bien motiver la vertu de l’aimable Jesusita, dont le maître et seigneur, soit dit en passant, ronflait à deux pas de moi d’une abominable façon, une exclamation poussée à mon côté me rappela à ma position présente.

— Mon Dieu, que je voudrais connaître ce Bravaduria ! s’écriait doña Flores, que, n’eût été son extrême laideur, j’eusse comparée, en cet instant, à sainte Thérèse en extase.

Vers onze heures, la diligence s’arrêta à Rio Frio. Rio Frio, avec ses sombres forêts de sapins, sa végétation riche, mais d’une couleur froide et criarde, et surtout sa température marquant parfois un et deux degrés au-dessous de zéro, ressemble à un village suisse encaissé en pleines terres tropicales. La ferme ou rancho dans laquelle nous entrâmes pour déjeuner rappelait également, par sa construction, les pittoresques chalets de l’Helvétie.

À notre grand étonnement, nous vîmes debout autour d’une table assez bien dressée une dizaine de