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Page:Duplessis - Le Batteur d'estrade, 1, 1856.djvu/1

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LE BATTEUR D’ESTRADE
PAR PAUL DUPLESSIS
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PREMIÈRE PARTIE



I

LA FORÊT SANTA-CLARA.


Vers le milieu du mois de juin de l’année 1852, une petite troupe, composée de sept cavaliers, traversait péniblement et en silence une forêt du Mexique, la forêt Santa-Clara.

Brûlés par le soleil et amaigris par les privations, les visages de ces hardis voyageurs portaient l’empreinte de cruelles et récentes souffrances, de même que leurs vêtements de cuir, déchirés par les ronces et incrustés de poussière, accusaient de rudes fatigues.

Nous avons dit : hardis voyageurs, et cette épithète n’a rien d’exagéré : car pour avoir osé et pu pénétrer là où se trouvaient ces hommes, il fallait être doué d’une double force morale et physique à toute épreuve. Quoiqu’une distance de deux cents lieues au plus, à vol d’oiseau, sépare la forêt Santa-Clara de la ville de San-Francisco, pas un des téméraires et aventureux habitants de la nouvelle Babylone américaine n’avait encore foulé du pied ce sol vierge de tout contact européen. Crevassée d’horribles précipices, émaillée de serpents, peuplée de jaguars et de panthères, n’offrant aucune ressource contre les tortures de la faim et les angoisses de la soif, la forêt Santa-Clara n’avait abrité