Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

attendus par lui ; de son embuscade il s’élance sur sa proie, la terrasse et la dévore : l’ours blanc lui-même le craint et fuit sa présence. Quelquefois des troupeaux de bisons surpris par un ours gris ont essayé de se défendre ; vainement ils se pressent les uns contre les autres, et présentent à l’ours un rang serré de fronts menaçants et de cornes redoutables, l’ours se précipite au milieu d’eux, les disperse, les poursuit : d’un bond il s’élance sur leur dos, les presse dans ses bras de fer, leur brise le crâne avec ses dents, et souvent en tue plusieurs par plaisir avant d’en dévorer un. Le plus grand exploit que puisse accomplir un Peau-Rouge, exploit dont la renommée, lorsqu’il a lieu, franchit les déserts et se répand jusqu’aux endroits habités, est de tuer un ours gris. Mais cet exploit n’arrive pas une fois en vingt ans. Or, ce que je crains, Pedro, c’est que ce troupeau de bisons, que nous venons de voir, ne soit poursuivi par un ours gris, et alors…