Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/117

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ribles qui comptent pour dix ans dans la vie d’un homme — s’écoulèrent dans un profond silence. Antoine et Pedro gardaient une telle immobilité, par suite de l’extrême attention qu’ils mettaient à leur examen, qu’à les voir de loin ont les eût pris pour ces mannequins de fantaisie qu’on place sur les arbres fruitiers, afin d’effaroucher les oiseaux voleurs. Dieu sait cependant que leurs cœurs battaient bien fort !

— Eh bien, Pedro ! ne voyez-vous rien ? dit enfin Antoine, de cette même voix basse et sourde qu’il employait toujours de peur de surprise.

— Rien, répondit Pedro, le monstre n’est point de mon côté.

— C’est extraordinaire, Pedro, car je puis en dire autant du mien ; il n’y a pas une feuille qui ait échappé à mon examen et à mon regard, et je n’ai rien, rien aperçu.

Un animal d’une si prodigieuse grandeur ne se cache pourtant pas sous une tige d’arbrisseau… Peut-être que moins habitué à la chasse