Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/119

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et l’idée du bon repas qu’il allait trouver au haut de l’arbre, dans la personne de Pedro, réveillait tous ses instincts sanguinaires. Pedro, nous avons déjà eu maintes occasions de le remarquer, était, pour un jeune homme, on pourrait même dire pour un enfant, d’une bravoure bien plus qu’ordinaire ; cependant, en sentant presque arriver jusqu’à son visage le souffle enflammé du monstre, un éclair lui passa devant les yeux, et il crut qu’il allait se trouver mal ; son cœur battit à se rompre ; ses bras se détendirent et sa carabine s’échappant de sa main, tomba du haut de l’arbre par terre. Au moment même où l’ours étendait sa monstrueuse patte pour saisir Pedro par la jambe, un coup de carabine retentit et le tronc de l’arbre se teignit de sang. Ce coup de carabine, tiré avec un sang-froid extraordinaire par Antoine, avait atteint l’ours dans le ventre, endroit où, sa fourrure et sa peau étant bien moins épaisses, une balle pouvait pénétrer. Dire la stupéfaction et la rage du monstre, en