Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/120

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se sentant blessé, serait chose impossible : le hurlement de douleur et de rage qu’il poussa, eût suffi pour mettre tous les sauvages Peaux-Rouges du désert en fuite. Connaissant très-bien sa propre force, et comprenant par instinct, malgré son peu d’intelligence, que, pour oser l’attaquer, il fallait qu’un ennemi fût redoutable, l’ours resta un moment indécis, regardant couler son sang, pour ainsi dire avec stupeur.

Du reste, cette indécision dura peu ; relevant bientôt sa tête hideuse, rendue plus hideuse encore par la rage et par la souffrance qu’il éprouvait, l’ours ne tarda pas à apercevoir Antoine, et, poussant un nouveau rugissement plus épouvantable que le premier, il voulut d’abord s’élancer sur lui. Heureusement pour le brave chasseur que son arbre était assez écarté de celui où s’était réfugié Pedro, l’ours se trouva impuissant à franchir cet espace dans le vide, Vaincu par cet obstacle, le féroce animal sembla vouloir revenir à son premier projet, et regarda pour la seconde fois Pedro d’un