Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/125

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tant enfin que ses forces étaient épuisées et qu’il fallait mourir, il réunit, par un sublime et dernier effort, le souffle qui allait lui manquer, puis s’écria, en fermant les yeux et en laissant retomber ses bras : « Pedro ! Pedro ! sauvez-vous ! sauvez-vous !… » Cette lutte et cette scène s’étaient passées ainsi, du reste, que se passent les choses violentes, en dix fois moins de temps qu’il ne nous en a fallu pour les raconter. Pedro, revenu de la défaillance que lui avait fait éprouver l’apparition inattendue de l’ours à quelques pieds de lui, était à son tour descendu de son arbre pour venir au secours d’Antoine qui se dévouait aussi généreusement pour le sauver. Au moment même où la voix de celui-ci poussait ce dernier cri d’abnégation sublime : « Pedro ! Pedro ! sauvez-vous ! sauvez-vous !… » Pedro venait justement, après avoir ramassé sa carabine, qu’on doit se rappeler qu’il avait laissé tomber dans son effroi, d’en introduire le canon dans l’oreille de l’ours et de faire feu. Pendant quelques secon-