Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/208

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Pedro, expliquez-moi donc, je vous en prie, l’étrange comédie que vous avez jouée vis-à-vis des Peaux-Rouges.

Tous ces derniers événements se sont succédés avec une telle rapidité que je n’ai pu trouver le temps de vous interroger à ce sujet. Savez-vous bien, mon cher Antoine, qu’un moment j’ai cru que vous étiez devenu fou !

— Je dois d’autant plus vous pardonner cette erreur, répondit Antoine en souriant, qu’elle a été partagée par les Peaux-Rouges eux-mêmes. Et, certes, ce n’est point chose facile de tromper de pareils démons… Si j’eusse faibli d’une seconde, dans le rôle que je m’étais tracé, ou que mon sang-froid m’eût abandonné, c’en était fait de moi, et je serais mort depuis plusieurs heures. À présent, vous me demandez, Pedro, d’abord pourquoi j’ai simulé cette folie, et ensuite comment il a pu se faire que les Peaux-Rouges m’aient détaché du fatal poteau ? rien de plus simple : la religion est une chose tellement nécessaire à l’homme et à la société, que