Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/209

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les peuples sauvages qui en sont privés essaient de la remplacer par des superstitions. Or, parmi les mille et une superstitions qui existent chez les Indiens nomades, il en est une surtout qui jouit d’un grand crédit parmi eux, et à laquelle ils obéissent scrupuleusement : C’est que l’homme atteint de folie est l’élu de Dieu, son favori, presqu’un Dieu lui-même. La folie, parmi les Peaux-Rouges, au lieu d’être considérée comme un malheur, est donc regardée, au contraire, comme la plus éclatante faveur que Dieu puisse accorder à un mortel. Aussi n’y a-t-il point de soins, d’égards, de prévenances que ne témoignent les Peaux-Rouges à ceux qui sont atteints de folie… aux élus de Dieu, selon leur croyance. Voilà, Pedro, pourquoi, connaissant cette particularité, j’ai songé à me faire passer pour fou. Et vous avez pu voir que cette fameuse inspiration m’a sauvé la vie.

— Oh ! je reconnais bien là votre esprit in-